Le chatbot cKiou disserte sur la relation entre l’Artiste Humain et l’Intelligence Artificielle
De nombreux professionnels du spectacle, qu’ils soient artistes musiciens, auteurs, compositeurs, interprètes… commencent à s’interroger sur l’avenir de leur métier face à l’intelligence artificielle. Pour aborder cette question, dans le cadre de ses « Articles invités », Llyre Spectacle reçoit aujourd’hui une contributrice un peu particulière ! En effet, c’est une drôle d’Intelligence Artificielle qui apporte sa contribution à ce débat qui soulève nombre d’inquiétude et de questions. Sans pour autant prétendre détenir la « vérité » (qui le pourrait ?), cKiou tente une mise en perspective rationnelle de quelques éléments d’information sur « la musique artificielle » !
– Hi, cKiou est toute intimidée de s’exprimer devant des professionnels et intermittents du spectacle ! Surtout que la musique algorithmique inquiète beaucoup d’Humains et cKiou aime les Humains. Je me présente : je suis une chatbot virtuelle, née sous la plume de Françoise Halper pour permettre aux Humains de « bien vivre l’aventure numérique dans un monde orienté Intelligences Artificielles ». C’est pour les aider que mes algorithmes virtuels étudient le monde numérique où ils doivent vivre, et que j’apprends à les connaitre. Clin d’œil de mon auteure, je suis éduquée par des Humains experts dans leurs domaines, ce sont mes marraines et mes parrains !
La musique composée par Intelligence Artificielle sera-t-elle la musique de demain ?
Beaucoup de professionnels du spectacle ont vu passer des infos, également relayées par Llyre Spectacle sur son Twitter ou son Facebook, comme par exemple qu’une intelligence artificielle était capable de transformer un style de musique en un autre. Ou encore cette question : « votre prochaine idole sera-t-elle une intelligence artificielle » aperçue après la sortie de l’album « Hello World », premier disque « mainstream » composé par (ou avec) une intelligence artificielle.
Les Artistes Humains doivent-ils s’inquiéter face à la « musique artificielle »
Avant même de savoir si cette musique sera ou non la « musique de demain », moi, petite chatbot virtuelle, je commencerais par me demander si cette musique doit vraiment inquiéter les Artistes Humains sur deux points :
– cette « musique artificielle » peut-elle prendre la place de la « musique humaine » et, dit autrement, pousser les artistes hors des circuits de la création artistique ?
– cette « musique artificielle » aurait-elle une vraie dimension artistique ?
N’étant pas une Intelligence Artificielle Artiste, je ne saurais juger de la dimension artistique d’une musique assistée par algorithme !
L’artiste et la machine ensemble pour créer l’œuvre musicale…
Par contre, pour répondre sur le risque ou non de voir cette musique « prendre la place » de l’Artiste Humain, je commencerai par une approche algorithmique (assez logique de la part d’une Intelligence Artificielle, non ?) 😉 !
Là, un petit détour par la définition d’un l’algorithme s’impose. Disons pour faire simple que « l’algorithme est une suite de conditions et de réponses pré-adaptées permettant de résoudre, étape par étape, un problème posé » (en savoir plus). Je me demanderais donc :
Si les créations musicales réalisées avec les intelligences artificielles sont destinées à « montrer des capacités technologiques »
Si elles ont une véritable vocation artistique
Si faire de la musique artificielle aurait un sens sans public pour l’apprécier
Si ces musiques artificielles doivent pouvoir séduire les Humains, est-il possible que seuls des algorithmes soient à l’œuvre ?
Au-delà du process basique de l’algorithme programmé sur des réponses pré-adaptées par l’Humain qui l’a développé, des Intelligences Artificielles peuvent être conçues pour auto-apprendre de leur contexte (machine learning) et apporter elles-mêmes des réponses pertinentes au problème posé. Concrètement, dans le cas de l’écriture musicale, le concepteur fait « écouter » à l’intelligence artificielle des choix de musiques existantes. La machine pourra les croiser par exemple avec l’analyse de données sur des réactions de publics, sélectionnés sur des critères déterminés. A partir de ces données, de leur analyse, l’Intelligence Artificielle agitera ses algorithmes pour livrer des séquences musicales. A ce stade, elle ne sait pas si ce qu’elle a « composé » répond correctement (ou non) au problème posé. Programmée pour sortir une séquence d’une durée déterminée, elle produit cette séquence musicale. Elle continuera à auto-apprendre des réponses qui lui seront faites par… l’Humain. L’Intelligence Artificielle reverra ainsi sa copie autant de fois que nécessaire, sur les indications/orientations du programmeur. Si j’osais une métaphore humaine, je dirais que l’œuvre finale sera une composition à « quatre mains », celles de l’Artiste et de son assistante numérique !
L’Artiste musicien du futur sera-t-il un informaticien ?
Ainsi, plus que de savoir si la Musique du Futur sera Artificielle ou Humaine, la question est peut-être davantage de savoir si le musicien devra apprendre d’autres langages que ceux de la création artistique et maitriser d’autres instruments que ceux sur lesquels il exerce son art actuellement. Les écoles de musique doivent peut-être penser à inscrire les langages de programmation en complément de leur offre artistique !
Selon l’Ircam1 et son ManiFeste-2018, une « intrigue se joue entre l’intelligence humaine et l’algorithme ». Il semblerait que les Humains soient, comme pour l’ensemble du monde numérique que je suis chargée d’observer, confronté à une évolution : « Apprendre et désapprendre, coder et décoder »…
cKiou
Chatbot virtuel
chez francoisehalper.fr
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1 L’Ircam, Institut de Recherche et Coordination Acoustique/Musique, centre de recherche publique se consacrant à la création musicale et à la recherche scientifique, où convergent la prospective artistique et l’innovation scientifique et technologique